Photographie argentique
Photographie argentique
Posemetre pour mesurer la lumière

Bien exposer une photo

En photo, l’exposition est une chose très subjective, personnelle. On expose pas de la même manière une vue suivant les contrastes qu’on attend du tirage final, ou suivant le sujet principal qu’on aura déterminé dans la scène qu’on photographie. Il est possible dès qu’on parle de film noir et blanc de développer tout un art de l’exposition, ou au contraire de laisser une large part à la chance, au hasard.

Lis ces lignes si tu t’appelles MacGyver

En argentique, je n’ai jamais utilisé que des appareils anciens. Mon premier boîtier était un Lubitel 2 – excellent quand il s’agit d’apprendre et se former. Il ne dispose pas de cellule intégrée permettant de mesurer la lumière. Lorsque j’ai grillé mes premiers films et fais mes premiers pas de photographe, je n’avais aucun outil pour déterminer le couple diaphragme/vitesse a indiquer à l’appareil. Bon, on passe en mode punk avec ces quelques méthodes permettant de s’affranchir de posemètre.

L’ultimate exposure computer

Franchement là, il faut être un peu taré pour aller lire en entier l’article de Fred Parker. Bon moi je l’ai fais à mes débuts en 2008, et j’ai expérimenté un peu sa méthode. Elle est basée sur un certains nombre de situation communes qu’elle croise avec la sensibilité de divers films. Au final, on obtient un couple diaphragme/vitesse. C’est de la gym « acrobatique » mais ça fonctionne tout de même. Ça marche un peu sur le principe des tables d’expo utilisées par les photographes du début du XXème, ou encore sur celles qui figurent au dos des appareils anciens. Si ça a un mérité, c’est celui d’apprendre à observer notamment la lumière.

La règle du F16 au soleil

J’ai expérimenté celle-ci, elle fonctionne également. Imaginons que dans ton boîtier tu aies chargé une pellicule 400 ISO. Si ton sujet est en plein soleil, alors règle simplement le couple de l’appareil sur F16 au 400ème. Si tu avais utilisé une pellicule 100 ISO alors il fallait partir sur sur F16 au 100ème. Ouvres d’un ou deux diaphragmes si ton sujet est à l’ombre.

Lis ces lignes si tu veux exposer correctement ton film

Bon, l’empirisme ça a du bon, ça permet en cas de défaillance technique de se dépatouiller mais il faut bien avouer que c’est pas de cette manière que tu fais tes meilleurs clichés. Non, le truc c’est quand même d’être précis même si la pellicule – je rappelle que je ne parle que de noir et blanc et pas du reste – intègre une latitude d’erreur importante et te permet de faire croire que t’es doué même si en réalité t’as pas fais le job comme il aurait fallu.

Les bons outils pour bien exposer

Le posemètre

Il est intégré presque systématiquement au boitier si tu as un appareil récent. Je ne vais pas parler de ça, d’autres l’ont fait avant moi. Après, si ton truc c’est l’ancien, il te faudra une cellule à main.
Il y en a plein les bourses photos mais attention : il faut encore que ça marche. Longtemps j’ai utilisé des modèles vintages – notamment une sixtino, une lunasix 3 et j’en passe – mais un jour j’en ai eu assez de ne pas avoir systématiquement un négatif correctement exposé. Je suis passé à plus moderne avec une digisix qui possède deux avantages. Elle est toute petite, et permet à l’occasion de disposer d’un flashmètre.
Ce qui est top avec une cellule à main c’est de pouvoir facilement calculer la lumière incidente – celle qui tombe sur le sujet – ou la lumière réfléchie, celle qui est renvoyée par le sujet. Mais j’y viens plus tard.

Le spotmètre

Il permet une mesure sur un point très précis de la scène, puisqu’il ne voit qu’à 1°. Là, on saura exactement qui sera noir, blanc ou gris dans la photo. C’est un instrument de précision, idéal pour la photo de paysage ou encore l’architecture.

Un peu de technique

Que voient les cellules et posemètre ?

Toi, tu as tes yeux et ils te permettent d’avoir une référence partout où tu vas. Pour eux, le blanc d’un mur par exemple, sera toujours blanc. Quelle que soit la situation ou la lumière qui éclaire la scène que tu regardes. Ta cellule dispose d’une autre référence : elle voit le monde en gris. À 18% en l’occurence. C’est une valeur qui a été normée il y a longtemps et qui fait office de standard encore aujourd’hui. Bref : évites de prendre une mesure de lumière sur un mur blanc, sur de la neige, sinon tes clichés seront gris : t’es prévenu !

Lumière incidente/lumière réfléchie ?

Je te l’ai dis plus haut : tu as le choix de la mesure avec une cellule à main.
Imagines que tu photographie un paysage : il y a plein de zones toutes différemment exposées et il faudrait pouvoir trouver une valeur de référence : la lumière réfléchie par le sujet sera peut-être la valeur à envisager. Fais bien attention à la mesurer sur le sujet de référence dans la scène, en tout cas celui qui doit représenter un gris moyen !

Lumière incidente et lumière réfléchie.

Back to the fifties ! À gauche la lumière réfléchie par le sujet, à droite la lumière incidente : celle qui tombe sur lui.

Au contraire tu fais un portrait : le sujet pourrait porter des vêtements noir, être en contre jour : en gros il pourrait y avoir 100 pièges qui vont tromper ta cellule si tu utilise la lumière réfléchie. Là, je te conseille la lumière incidente, celle qui tombe sur le sujet. Elle se mesure avec le posemètre, équipé de son dôme et tourné vers l’objectif. Le tout en au plus près du sujet.

Que montrer au posemètre pour une exposition réussie ?

Détermines ce qui est important à montrer de ton sujet. Imagines que tu es encore sur un portrait : sélectionnes plutôt une zone un peu moins en pleine lumière (grise quoi !) pour prendre ta mesure. Si ta cellule est intégrée à l’appareil, tu as surement une mémo d’exposition et se sera bien de t’en servir. Si tu as une cellule à main, alors reportes la bonne valeur sur ton boitier. Et si tu filtres la lumière, n’oublies pas d’intégrer le coefficient multiplicateur à ta mesure.
Préfère prendre en référence la lumière du vert des arbres, du fond de l’oeil de ton sujet : elles collent bien à la norme des 18%. Utilises même ta main libre pour voir quelle lumière elle réfléchit. Essaies de compenser avec cette dernière méthode : ouvre d’un diaphragme de plus et ça devrait être bon.

portrait rolleiflex

Je me rappelle de cette prise de vue au rolleiflex. La mesure du gris moyen a été faîte en incidente, sur la partie gauche du visage.

Aller vite, anticiper sur la scène

Je te l’ai dis, moi j’utilise des boîtiers rustiques qui ne savent pas mesurer la lumière. Parfois j’aime aller dans les rues pour faire de la photo : les gens qui passent ou ceux qui sont assis, systématiquement tu les croises et tu as envie de les photographier. Bon, là, c’est utopique d’aller voir la dame et de mesurer la lumière qui tombe sur elle : il va falloir anticiper. Toutes les 1/2 heures, je prends deux mesures de lumière incidentes : une à l’ombre, une au soleil. Suivant les conditions dans lesquelles je m’apprête à prendre une image je cale la vitesse l’appareil sur la dernière mesure que j’ai réalisé. De cette manière je m’adapte, que je croise mon sujet en pleine cagne ou à l’ombre. Si je suis un peu entre les deux je pondère les vitesses de mes deux valeurs.

Pas toujours évident la photo de rue : il faut beaucoup anticiper. Déclencher au jugé, losqu'on pense que c'est le moment et à l'aveugle : ici, j'ai eu de la chance !

L’anticipation et l’attention payent parfois !

Le Zone System

T’as lu jusque là ? Hé, tu t’accroches toi, tu iras loin ! Le zone system est un truc qui devrait t’intéresser. C’est Ansel Adams, photographe qui a bien travaillé notamment sur le paysage, qui l’a mise au point. Elle découpe l’image en nuances de gris, de noirs et de blancs et permet après mesure des valeurs présentes dans la scène, de déterminer ce qui sera visible (les zones grises) ou absent (les zones totalement noires ou blanches) sur le tirage papier. Elle permet une approche créative des contrastes, et la détermination anticipée des détails qui « feront » l’image.
C’est surement le graal le zone system, quand on parle d’exposition : si tu sais t’en servir c’est que tu as développé un sens « de la lumière », ta vision de l’image avant qu’elle ne soit visible et palpable sur le papier photographique.
C’est surement en ça que tu es un bon photographe de noir et blanc : tu es capable grâce aux contrastes que tu vas imaginer pour la scène, de lui apporter ta valeur d’interprétation, de lui donner une force et un sens de lecture.
Là où en couleur tu de dois d’être totalement objectif, le noir et blanc te laisse la possibilité d’être créatif et d’instiller à la vue un caractère que tu auras toi même déterminé.

Je vais te laisser méditer à tout ça : c’est peut-être un peu lourd mais je te redis que l’exposition en photo, ça doit être le sujet le plus vaste et le plus personnel qui soit. Je te redonnes un conseil important : bosse, expérimente, ne te décourages pas. Et puis n’oublies pas que l’argentique, c’est un peu de l’alchimie !

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