Photographie argentique
Photographie argentique
Un labo en lumière inatinique

Les pièges du labo

Le labo est l’endroit où l’image reçoit la « deuxième lumière ». Si on y enregistre les plus belles performances – l’image finale prenant vie dans cette pièce – c’est aussi l’endroit auquel tu seras parfois confronté à des « angoisses ». Une erreur même légère, et toutes tes attentes seront réduites à néant. Et autant te le dire de suite, l’erreur en question est bien souvent difficile à déceler. Tour d’horizon des pièges et écueils à éviter au labo.

Le développement inachevé

C’est un problème récurrent : c’est important de ne pas choisir le temps de pose de ton papier lorsque tu observes son comportement dans la cuvette de révélation. Non seulement la lumière rouge ne te permet pas de juger de la bonne venue de l’image puis franchement, ça n’est pas ce qu’on pourrait appeler une démarche scientifique. Voila ce que tu devrais savoir, et mettre en pratique :

  • Un papier doit toujours être développé à fond, sinon tu constateras que tes tirages seront ternes, gris ;
  • Lis les notices du papier et du révélateur : tu en sauras plus sur les temps de poser à respecter.

Si tu as perdu les notices c’est pas nécessairement grave : une règle empirique t’apprends que pour avoir un temps de pose cohérent, tu dois multiplier par quatre le temps qu’il a fallut entre l’immersion du papier dans la cuve et l’apparition des premiers détails sur la feuille. Grosso-modo, ça donne 2 minutes pour pas mal de papiers RC (attention certains comme le Portfolio D’Ilford nécessitent plus facilement 3 minutes), 3 minutes pour un papier bromure, 3 à 4 minutes pour un chlorobromure.

La chimie épuisée

Même combat, même cause, même effet. Une chimie usée se reconnait par sa couleur – genre gros pipi de lendemain de fête – par sa faculté à fournir des tirages irrémédiablement gris quand bien même tu laisseras poser ton papier très longtemps dans la cuvette, ou encore un développement manquant d’homogénéité, ou bizarrement teinté, voilé. Non, là franchement, préfères te conformer aux indications fournies sur la notice de ton révélateur. Tu sauras combien de mètres carrés tu pourras développer avec les 2 litres que tu vas tout de suite préparer. Et n’essaies pas de rajouter un peu de révélateur frais dans l’ancien, je t’ai vu faire la dernière fois puis tu sais ce que ça a donné !

Le problème d’actinisme

Si tu te demandes ce qu’est l’actinisme … C’est que tu as encore un peu de chemin à parcourir. Je vais prendre une image : tu sais, dans les films ou les séries américaines, il y a souvent un méchant qui fait des photos. Il est dans une pièce toute noire, et s’éclaire avec une lumière rouge genre « ici c’est l’enfer ».

Sans rire, les gens te perçoivent comme ça quand tu leur expliques que tu fais du tirage en labo.

Sans rire, les gens te perçoivent comme ça quand tu leur expliques que tu fais du tirage en labo.

Bon ben voila, cette lumière est « inactinique », c’est à dire que sa longueur d’onde n’est pas de nature a noircir ou voiler la surface sensible que tu t’apprêtes à utiliser. Cette lumière inactinique te permet de voir ce que tu es en train de faire, mais elle n’a aucun effet sur le papier ou la pellicule que tu es en train de manipuler. C’est le contraire d’une lumière actinique, qui elle va être en mesure de noircir ces mêmes papiers ou pellicules.
Tu dois savoir qu’il existe pas mal de teintes différentes en terme de lumière de sécurité. Du rouge bien sûr, mais aussi du jaune, du brun, etc. Le mieux là encore, c’est de regarder du côté des notices des papiers que tu utilises.
Bon quoi qu’il en soit, pas de lanterne ni d’ampoule nue à moins d’un mètre du plateau de l’agrandisseur, et surtout testes de temps à autre l’actinisme au sein de ton labo. Ça te couteras 15 minutes en début de séance et une feuille de papier, mais ça te fera certainement gagner un peu de temps le moment venu.

Le problème de flare

« Flare » est un anglicisme – il signifie « éclat de lumière ». Tu comprendras qu’il s’agit d’un reflet parasite qui va créer des zones non-homogènes dans ton tirage. Il est créé par une source de lumière et bien sûr, l’agrandisseur en est une ! Tu noteras au passage que les modèles à lumière diffusée produisent plus facilement du flare que ceux à éclairage dirigé.
Lorsque tu éclaires ton papier, il reçoit potentiellement deux lumières : une première qui correspond à l’éclairage normal, celui que tu as déterminé pour l’exposition de ton papier. Elle varie et c’est voulu, suivant les contrastes présents dans ton négatif.
Ton agrandisseur dispose de nombreuses lentilles – optiques et condenseurs – ou encore de surfaces réfléchissantes — monture de l’objectif, colonne et plateau de l’agrandisseur ou bien même fentes de lumière. La somme de toutes les diffusions et réflexions engendrées par ces dispositifs constitue le flare, l’éclairement parasite.
Malheur : cet éclairement parasite est régulier et il affecte la totalité de la surface sensible. Ça n’est pas si grave si on parle des zones fortement éclairée qui ressortiront noires après développement, le flare n’y sera pas observable. Maintenant, imagines ce qui se passe sur les hautes lumières de ton image – qui devaient ressortir blanches ou légèrement nuancées. Ces zones sont infestées par les reflets parasites et ressortent grises. En fait, lorsqu’il y a fuite de lumière dans le labo, c’est compliqué de tirer et gardant les contrastes que tu avais déterminé lors de tes essais : si c’est ton cas, cherche d’où vient l’erreur.

Pour réduire le flare lors du tirage

Tout tireur qui se respecte gagne à atténuer au maximum le flare au labo. Voici quelques pistes à suivre pour un labo sans lumière parasite :

  • Pas d’objet réfléchissant ou clair à proximité de l’agrandisseur ;
  • Si possible opter pour un agrandisseur dans les tons de noir ;
  • Utiliser les marges réglables du passe-vue de l’agrandisseur, qui masquent les parties inutiles du négatif – celles qui ne seront pas gardées après le recadrage ;
  • Combler tout passage éventuel de lumière (trou dans un mur, fente sur l’agrandisseur, passage de porte, etc).

La fuite totale de lumière

Dans le labo, on passe en permanence de la lumière de sécurité à la lumière normale. Il faut bien pouvoir inspecter le fruit de ton travail après un premier passage au bain de fixation. Alors juste une chose quand tu passes en lumière normale. Assures toi que la boîte de papier que tu es en train d’utiliser soit bien refermée. Si elle prend la lumière, tout ou partie de son contenu sera bon pour la poubelle. Et au prix du papier, je te déconseille l’aventure. Si tu stockes tes boîtes de papier dans un tiroir étanche, penses à vérifier qu’il est bien refermé.

L’éclairage d’inspection des tirages

Assures toi que l’éclairage que tu vas utiliser pour vérifier la teneur de tes tirages une fois fixés sois assez proche de la lumière du jour, celle à laquelle tu regarderas tes photos une fois qu’elles seront lavées et séchées. Je te dis ça car j’ai eu un labo dans lequel j’avais un éclairage très puissant. À l’inspection, je voyais des images avec des manques de densité. Ces même images à la lumière du jour était en réalité trop denses à cause de la lumière trop forte du labo.

La propreté

En matière de photographie argentique et encore plus au labo, le premier ennemi c’est la poussière. Il est donc nécessaire de garder un labo propre. Je te vois déjà préparer le balais et l’aspirateur et là je te dis STOP ! Tu sais pourquoi ? Car il n’y a pas mieux pour déplacer toute la poussière qui est au sol, sur les meubles et les murs, et pour la remettre en suspension. Bien, elle va se redéposer partout : sur ton margeur, sur tes optiques, dans ton passe-vue et sur tout ton matériel que tu souhaitais garder propre.
Non, le mieux c’est de regarder du côté de l’éponge pour les murs et les meubles, de la serpillière pour les sols : ça au moins, ça plaque la poussière.

Voila, cette liste d’écueil est bien entendue non exhaustive et va certainement évoluer avec le temps. Gardes toujours dans un coin de cerveau que l’argentique demande une part de rigueur si tu souhaites arriver à ton but. Et si tu as pris le temps de lire cet article jusqu’ici, je te saurais gré de bien vouloir m’indiquer une erreur à laquelle je n’ai pas encore pensé : les commentaires sont là pour ça !

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