Photographie argentique
Photographie argentique

La repique photographique

On imagine que la retouche ou repique photographique, est née avec le numérique. Que nenni ! Elle a toujours fait partie du paysage : à l’ère de la pellicule la retouche allait même plutôt loin puisque tu sais, on allait fréquemment modifier les négatifs afin d’en corriger les défauts.

Là je pense à un livre qui fait partie de ma bibliothèque : la retouche du négatif. Je l’ai trouvé dans un stock de photographe près de chez moi, à Valence et j’ai pris le temps de le lire. Autant le dire de suite je n’ai pas tenté de le mettre en pratique. C’est pas la motivation qui me manque, mais tu t’aperçois assez vite avec ce genre de lecture que la retouche des films argentiques, c’est un vrai métier – peut-être aussi exigeant que celui de tireur. Notes au passage la beauté de la retouche « à l’ancienne », au matolin. Je ne résiste pas à te montrer quelques pages du livre. Je sais, la nostalgie ça sent parfois mauvais mais je ne peux pas m’empêcher de me dire que c’est vraiment du beau boulot.

Livre photo ancien

La retouche des négatifs, édition Paul MONTEL.

Retoucheur négatif

La position du retoucheur sur son pupitre.

Négatif et positif non retouchés

Un négatif et son positif non retouchés.

Positif et négatif retouchés

Le même sujet retouché. Notes la reprise des basses lumières du visage, le drapé de l’habit et le fond détouré.

Bon, ce rapide survol à propos de l’ancêtre de photoshop et du tampon de duplication nous emmène vers un sujet plus abordable qui est celui de la repique. Voila, si tu aimes prendre des photos sur film puis que tu tires par tes propres moyens je te suggères de t’y intéresser : c’est vraiment le béaba du photographe qui se respecte. Tu n’imagines pas montrer les images que tu aimes toutes pleines de pétouilles, si ?

S’éviter du travail de repique …

La repique est une activité longue, fastidieuse et pas nécessairement très intéressante : autant s’assurer d’en avoir le moins possible à faire. quelques astuces :

Travailler avec un négatif propre

Ok, ok, une poussière c’est petit ! mais fatalement, elle va grandir sur le papier, tout comme les imperfections du négatif. Autant s’assurer moins de travail en utilisant une vue propre. Pour ça il existe les poires soufflantes ou encore les bombes à air comprimé. Les dernières ont mes faveurs mais attention aux projections de gaz froid qui pourrissent l’émulsion : à manipuler avec précaution, ne pas hésiter à faire un premier souffle sur le métal du passe-vue avant de passer au négatif !

Supprimer les verres du passe-vue

Longtemps j’ai galéré avec mes passes-vues, enfin surtout avec leurs verres anti-newton. C’est toujours plein de traces de doigt et ça agit comme un aimant à poussière. Un jour j’ai décidé de tirer sans le verre en lui substituant le masque de passe-vue.
Mon agrandisseur dispose d’un filtre anticalorique et c’est pratique dans mon cas : la chaleur étant absorbée par le filtre, le négatif reste toujours bien plan même sans le soutien des verres. Il ne vrille pas lors des étapes préliminaires au tirage (cadrage, mise au point, etc) puisqu’il ne chauffe pas.

Travailler sur un agrandisseur à lumière diffusée

Les appareils équipés de diffuseurs (ceux à tête couleur) produisent une lumière aux rendus plus doux que ceux équipés de condenseurs. Fatalement ils restituent moins les imperfections et poussières présentes sur l’image. Bon, le mien est à lumière semi-dirigée mais il existe une parade pour les agrandisseurs noirs et blancs à condenseurs : mettre un verre dépoli plus ou moins épais dans le tiroir à filtre. Ça diffuse la lumière, sans qu’on y perdre trop en matière de contraste.

… Car il y aura quand même de la repique !

C’est une constante. Il y a à toujours une poussière sur le film, toujours une pétouille dans l’émulsion et ça va faire tâche sur ton image. Puis il est possible qu’il y ait d’autres défauts venant de la prise de vue : une matière un peu trop brillante, quelquechose que tu vas vouloir masquer sur le tirage final.

Les bons outils

Il va te falloir de quoi gratter et de quoi peindre ou plutôt « picorer » comme disait le mec qui m’a appris à repiquer une photo. Ça c’est la base, que tu vas traduire par :

  • La plume vaccinostyle, qui ressemble à la plume que t’avais à l’école sauf qu’elle est bien affûtée et sert à gratter et couper. Personnellement j’ai renoncé à l’utiliser car systématiquement mes dépétouillages de points noirs se voient, étant donné que tu altères la surface du papier. Vas gratter du papier brillant et comble avec du colorant : la retouche se verra toujours. Enfin comme ça je te l’aurais dit !
  • Le pinceau en poil de martre : il est très fin et aussi plus cher qu’un pinceau conventionnel. Maintenant soit tu cherches un truc capable d’être précis, soit tu es un boucher. C’est toi qui vois.
  • Un buvard : pour ne pas avoir les mains en contact direct avec le papier et voir la densité de pigment présente sur ton pinceau.
Matériel nécessaire au repiquage

Tout ce qu’il faut pour bien repiquer : encres Marshall, gris film, colorants, plaque de repique et pinceau en poils de martre.

Les colorants qui vont bien

Puisque tu as compris que tu vas manipuler du pinceau, il va te falloir aussi des pigments. Moi j’utilise quelques petites choses comme :

  • Le Gris Film, qui est un colorant proposé par Pébéo. Il est gris neutre et te permet des retouches assez fines.
  • Les encres Spot-all : la marque est Marshall. elles permettent de disposer de diverses teintes comme le bleu-noir pour les papiers tons froids ou à l’inverse le sélenium pour les papiers chloro et/ou virés.
  • J’ai vu également des gens utiliser de la gouache toute simple, du noir et du blanc. Le couple mélange/concentration des deux permet de recréer par mal de nuances de gris. Après j’ai pas personnellement testé.

Ensuite il y a plusieurs écoles, certains utilisent les encres et gouaches à l’état liquide. Moi ça n’est pas ma tasse de thé : je préfères de loin utiliser une plaque de repique. Ça se réalise facilement avec un morceau de verre dépoli (attention aux arêtes coupantes), sur laquelle tu vas poser quelques gouttes qui vont sécher sur place. Il ne reste alors plus que les pigments et là, à toi d’en faire bon usage.

La méthode pour bien repiquer un noir et blanc

Voila, tu as toute la théorie, maintenant il te reste à mettre ça en pratique : le but, c’est de virer les pétouilles blanches ou claires qui sont en surface de ton tirage. Alors le mieux reste de te mettre dans une lumière suffisante pour bien voir clair, une fenêtre ou un éclairage latéral sont top.Gardes tes bouts d’essais : ça permet de pouvoir se faire la main avant de passer sur le tirage lui-même.
Tu commences par repérer les pétouilles les plus contrastées sur ton image : genre un point blanc sur du noir. Tu mouilles avec ta langue le bout de ton pinceau (qui a dit « salace » ?) et tu vas chercher la bonne teinte sur la plaque de repique. Fais des petits traits sur ton buvard : lorsque tu sens que tu as la bonne nuance sur le pinceau, appliques en picorant, jamais en peignant. Préfères faire moultes passages plutôt qu’en faire un seul gros : c’est là que tu vas marquer ton tirage et foutre en l’air les heures de travail que tu as fais avant.
Continues sur toute l’image, toujours en picorant, et en traitant des points de moins en moins denses en gris. Fais attention à ne pas être trop gourmand : plus les teintes sont claires, plus c’est difficile de repiquer : il faut savoir accepter quelques défauts et ne pas être trop perfectionniste.
La repique est la dernière étape du processus photographique. Il faut savoir se tromper une fois ou deux au départ, mais avec un peu de pratique, ça devient gratifiant et permet d’apporter une touche finale à tes images. Puis ça reste une approche manuelle de la photographie.

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