Photographie argentique
Photographie argentique

Le film argentique : première approche

Le film est le premier support argentique qui permet de capturer l’image : il semble logique qu’on s’arrête un instant sur lui afin de connaître le minimum syndical permettant de l’exploiter à bon escient. Si on parlait de sa structure ? Je pourrais te dire qu’il se compose d’un support transparent, en acétate — matière qui pourra être intéressante pour certaines manipulations au labo. Sur ce support viennent se greffer deux choses.

L’émulsion

C’est elle qui va permettre d’enregistrer l’image, c’est par elle que la magie opère en quelques sorte. Elle se compose d’éléments chimiques aux noms barbares – le chlorure d’argent, le bromure d’argent et l’iodure d’argent.

J’explique souvent à mon fils de deux ans qu’il ne peut pas regarder l’image au dos de mon appareil après que je l’ai prise, mais avec toi je vais aller un peu plus loin : après avoir déclenché, le film recèle l’image « latente ». Comprends que le job a commencé, mais que ton film est encore sensible à la lumière et que l’image n’apparaît pas physiquement sur sa surface. Tu es encore loin du négatif mais patience, on va y aller ensemble.

La couche anti-halo

Elle protège le film pendant la prise de vue, notamment des éclats de lumière qui passeraient au travers de l’objectif. Il est possible de l’observer lors du prémouillage du film (la première étape de sa révélation, avant qu’il ne devienne un négatif définitif) : bien souvent elle se dissout pendant cette opération et le contenu liquide de la cuve – lorsqu’on le sort – prend une teinte bien notée, genre violet ou rose.

Bon. Et j’utilise quel film pour me lancer ?

On a beau survoler twitter, lire les sites et la presse spécialisés, apprendre quotidiennement que tel ou tel film a été arrêté par son fabriquant (si tu es pas anglophone tu comprends vite, quand tu te lances dans l’argentique, le sens du mot « discontinued »), il n’en reste pas moins une chose : il y a une quantité encore importante de films sur le marché – il y a même de petits nouveaux qui arrivent à (re)lancer une production : film is not dead !

Pour s’y retrouver, il faut commencer simple. Voilà ce que je propose : un point sur la rapidité du film va permettre de savoir quel besoin pour quelle utilisation.

Cette sensibilité se décline en ISO, voir DIN ou ASA si t’es old school. Scheiner aussi mais là tu as commencé il y a longtemps et il est clair que tu n’apprendras rien de neuf sur ce site ! Elle nous permet de déterminer la sensibilité du film lorsqu’il sera exposé à la lumière. On pourrait distinguer trois familles :

 

Sur l’étiquette Films lents : de 25 à 200 ISO Films moyens : de 200 à 800 ISO Films rapides : 800 ISO et plus
Utilité Photo sur pied, ou en studio Portait, reportage, photo de rue Concert, lieu en faible lumière
Granulation Pas du tout Un peu Beaucoup
Rendu (subjectif) À l’envie : « Putain, comme c’est beau ! » ou « Il va falloir que je règle mon scoponet ». C’est sympa, peut-être t’aurais dû tirer plus contrasté Oula, y’a du grain ! Ca manque un peu de contraste ton affaire non ?

Quelques notions de sensitométrie

Si tu aimes fouiller et regarder partout, tu remarqueras une courbe sur tes boîtes de film ou sur leurs notices techniques. Moi j’étais nul en math et je n’ai pas vraiment l’esprit cartésien : c’est pas nécessairement ce dont je me sers le plus (je ne pense pas être le seul, si ?) mais c’est quand même intéressant d’en apprendre le minimum sur l’utilité de cette courbe.

Courbes films argentiques ilford

J’en montre deux ci-dessus : à gauche celle de l’Ilford PAN F 50 – un film lent – et à droite celle de l’Ilford Delta 400, plus rapide. On remarque trois parties.

Le pied

C’est la partie gauche. La courbe est au plus bas, elle monte graduellement. Elle donne un aperçu sur la réactivité du film argentique lorsqu’il est tout ou partie sous-exposé. Il réagit plus ou moins.
Ça donne surtout un bon aperçu de ce que seront les zones qui ne recevront pas la lumière qui leur permettrait une bonne exposition (rares sont les scènes éclairées de manière homogène). Si le pied est court, alors les basses lumières seront très contrastées. S’il est long à l’inverse, alors il y aura potentiellement des détails sur les zones sombres.

La droite

C’est la partie centrale de la courbe. Ça y est, tu as décidé d’exposer une zone de ton film dans des conditions normales et il reçoit la quantité de lumière pour laquelle il est programmé pour bien travailler. Tu dois savoir qu’un film dont la partie centrale monte rapidement va créer du contraste à souhait.
Si au contraire, la courbe monte à moins de 45°, alors ton film réagit plus lentement à la lumière lors de son exposition : attend toi à moins de contrastes, mais peut-être à une belle gamme de gris !

L’épaule

Toutes les bonnes choses ont une fin ! Tout comme le papier argentique, le film possède une densité maximale à laquelle il arrête de noircir, alors même qu’il est encore exposé à la lumière. Si la partie de droite de la courbe – appelée « épaule » – est courte, on aura un noircissement rapide des hautes lumières, si elle est longue, on aura moins de contraste (et peut-être plus de détails) toujours dans les zones fortement éclairées.

Comment interpréter les courbes de sensitométrie ?

Reprends les deux courbes que tu as vu plus haut : elles t’apprennent que la PAN F, super film de studio notamment, permet des contrastes très importants. Ses basses lumières ne seront pas cramées, elle saura rendre des détails – plus que dans les hautes lumières. La montée n’étant pas la plus raide qui soit laisse présager d’un film qui sait rendre aussi une belle gamme de gris. La courbe de la delta 400 montre tous les signes d’un bon film « de reportage ». Le pied, la montée et l’épaule sont tous très étalés, ce qui laisse imaginer que la gamme de gris est très importante, et qu’on aura des détails dans les ombres comme dans les hautes lumières. Le contraste sera peut-être un peu moins là.

On pourrait parler des heures de sensitométrie mais non seulement tu ne lirais pas, et en plus je te perdrais dans des explications compliquées et pour tout dire pas très intéressantes. Considères plutôt qu’utiliser du film noir et blanc argentique, c’est un peu comme faire un gâteau. Il existe une recette de base, et surtout des marges d’erreurs et de liberté à tous les niveaux. En bref, assez peu de chance pour que ça ne marche pas et que ton film ne montre pas une image. Ne regardes pas trop la technique et surtout, pratiques !

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