Photographie argentique
Photographie argentique
Scoponet

Étude de cas : la friche graphique.

Il s’agit d’une photo que j’apprécie particulièrement, visible dans ma série intitulée « no way« . Pour la petite histoire la prise de vue a été faîte un dimanche à proximité de Valence. J’avais repéré un endroit qui semblait putôt photogénique sur le papier, une vieille gare désaffectée. Arrivé sur les lieux je constate qu’en fait … Il sera difficile de faire des images tant l’endroit est petit et sans grand intérêt. Je vois un entrepôt en cours de désamiantage plus loin. Je vais tenter ma chance.

La prise de vue

Il y a deux entrepôts sur place. Le premier a été ravagé par le feu. Le second commence à être sévèrement dépouillé par quelques semaines de chantier. Il semble plus intéressant : reste à trouver l’angle sous lequel la photo sera faîte.
Longtemps j’arpente l’entrepôt vide. Il fait froid. Pas de bruit. C’est un peu sinistre. Je remarque quand même la longueur, la symétrie du bâtiment, et une grosse flaque à l’entrée. La charpente du toit s’y reflète et ça donne un truc à exploiter.
J’ai avec moi mon rolleiflex et un vieux pied Gitzo. à eux deux ils ont au moins 120 ans. Avec un peu d’astuce j’inverse le sens de la colonne : le Rolleiflex à la tête en bas et son champ de vision devient très rasant. Le but de la composition était d’avoir une vue très symétrique, avec autant de ciel et de charpente en haut qu’en bas de l’image.
La pellicule utilisée est une Ilford, de la Delta 100. Son grain et plutôt agréable et elle restitue des détails fins si elle est bien exposée.

Le tirage

préliminaires

Je passe maintenant au tirage lui même. Le but de la seconde lumière sur cette vue, n’est pas d’obtenir une photo documentaire. Là je veux un rendu graphique. Instinctivement mes tests commencent avec un grade plutôt contrasté (4) Je souhaite avoir un ciel sans aucune demi-teinte. Du noir. Du Blanc. Rien d’autre.
Côté papier j’en suis encore au tirage « de lecture ». Je ne vais pas tirer grand mais j’ai tout de même envie de faire mon image sur un chouette papier. Je choisi le RC Portfolio d’Ilford, en format 13×18. Là encore le choix n’est pas totalement innocent. J’aime beaucoup ce papier pour son rendu profond des noirs et sa tendance à être légèrement chaud.

Les premiers tests

Bande test à grade 4. Première exposition à blanc 6 secondes, puis bandes de 3 secondes.

Bande test à grade 4. Première exposition à blanc 6 secondes, puis bandes de 3 secondes.

Le grade 4 fait rapidement monter le noir de la charpente, comme attendu. En revanche je vois que le sol de l’entrepôt laisse apparaître un aspect « béton » qu’il sera bon de faire plus ressortir sur le tirage.
Il y a des graffitis un peu partout sur les murs. J’aime beaucoup le genre mais là … Ce doit être des pré-ados qui ont tagué mon entrepôt. Il va falloir ruser et masquer ça. Je ne souhaite pas que ces dessins soient trop voyants sur l’image. Je vais probablement devoir cramer les murs pour atténuer ce détail un peu gênant.
Après divers tests, j’ai décidé de la manière dont j’allais tirer l’image. Je vais garder mon grade 4, afin de faire monter les noirs comme je le pensais au départ. Je vais aussi ajouter de la demi-teinte là où j’estime qu’elle est nécessaire – sur le sol d’une part – mais aussi sur le ciel bien bouché qui finalement tranche trop et a besoin d’un peu de gris pour mieux s’intégrer à l’ensemble. Split Grading, quand tu nous tiens !

crayonne

J’ai tendance à partir dans tous les sens lorsque je suis sous l’agrandisseur. J’ai besoin de me canaliser et de m’imposer une rigueur. C’est pour cela que j’aime réaliser un schéma avant de commence à tirer une image. Ici, voici les indications notées sur le schéma :

  • Une première exposition globale à grade 4, à F8 pendant 21 secondes.
  • Une seconde exposition à grade 0 pour le ciel, toujours à F8 pendant 35 secondes. Ce maquillage sera réalisé avec un carton ajouré afin de ne pas baver sur le pignon du mur central.
  • Une dernière exposition pour le sol à grade 0 pendant 10 secondes. Là c’est un carton plein qui me servira à maquiller.
Le maquillage pour le sol sera fait à l'aide d'un carton plein.

Le maquillage pour le sol sera fait à l’aide d’un carton plein.

Bon ensuite, j’utilise toujours du Dektol pour révéler, produit plutôt malléable et s’adaptant bien à ma pratique du tirage photographique. J’ai remarqué que pour développer à fond le Portfolio RC, il ne faut pas hésiter à laisser poser 3 minutes. Puis arrêt et fixation 5 minutes. Rien de plus !

Le rinçage final du tirage

Le rinçage final du tirage

Les bords noirs

Je termine un premier tirage. Je me dis qu’il manque un truc à cette image pour qu’elle soit terminée. Je retire, cette fois-ci en « fermant » la vue à l’aide de bords noirs. Je sais qu’il existe une espèce de polémique autour de ces bords mais pour le coup je m’estime pas me prendre pour Cartier-Bresson. J’avais juste envie d’un côté plus fermé.
Bon j’ai peut-être un peu abusé sur l’épaisseur et la frange de ma bordure, il y avait peut-être un peu trop de lumière au masquage sur le margeur. Mais au final ces bordures un peu grossières ne me dérangent pas. Elles participent à l’aspect graphique de cette photo.

Un scan du tirage final.

Un scan du tirage final.

Voila. Cette image est certainement imparfaite, perfectible. Il me reste à la repiquer et certainement à la retirer, pour en améliorer encore un peu plus la qualité.

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