Photographie argentique
Photographie argentique

Mettre en spire une pellicule moyen format

Pratiquer la photographie argentique est parfois une sacré prise de tête, il faut bien l’avouer. Il y a une chose sur laquelle j’ai transpiré lorsque je me suis lancé : mettre en spire une pellicule moyen format. Le 120mm est naturellement plus large que les pellicules 24×36 classiques est fatalement il te faut développer un art du bout des doigts. J’aurais aimé trouver une marche à suivre claire à mes débuts, c’est pourquoi je rédige ces lignes aujourd’hui.

Lorsque tu es expérimenté, enrouler un film moyen format sur une spire afin de le développer est un jeu d’enfant. Il te faut à peine 5 minutes pour mener ton affaire. Maintenant j’ai souvenir de mes premiers essais courant 2008. Il me semble même qu’une fois, j’ai passé 50 minutes dans le noir total à pester contre le film qui tuilait dans tous les sens, refusait d’avancer dans la spire. Une vraie prise de tête. Le truc qui fait perdre toute philosophie et t’amènes à t’interroger sur le pourquoi tu fais de l’argentique.

Le bon ouvrier a les bons outils

Bon, on va commencer par le commencement. Pour mettre ton film dans un tanker – que se soit un Jobo ou un Paterson – il te faut une spire. Ça n’a rien d’un scoop ce que je vais dire là, mais dis toi que la grande majorité du matériel dont on dispose accuse ses 30 ou 40 ans. Fatalement les plastiques s’usent, se déforment, ce qui marchait bien à l’époque peut être un peu moins dans la performance aujourd’hui. Assures toi de disposer d’un matériel en bon état.
J’ai très peu utilisé de Jobo car je dispose d’un grand nombre de cuves de développement Paterson. Pour juger de l’état d’une spire de la marque je te propose un premier contrôle visuel qui te permettra :

  • De valider que ses bords soient bien parallèles ;
  • Que ses billes ne soient pas encrassées ou rouillées, qu’elles soient libres de tout mouvement ;
  • Qu’il n’y ai pas d’irrégularités dans le filetage des spires, celui qui va permettre à ton film de s’enrouler.

C’est le cas ? Bon. Si ça n’a pas servi depuis un moment tu vas commencer à nettoyer tout ça avec une brosse à dent et du liquide vaisselle. Le mieux lorsque tu seras dans le noir, si tu ne connais pas exactement l’état de ton matériel, c’est de préparer plusieurs spires de développement. Si tu en as une qui merde, les autres pourront toujours te sortir d’affaire. Puis après quelques essais tu sauras quelle spire est à garder, quelle autre est à jeter.

La méthode

Point par point la méthode que je vais t’expliquer n’est en rien compliquée : cela va sans dire que tout se réalise dans le noir absolu. Il faut bien prendre ton temps, ne rien oublier en chemin. Patience !

Assembler la spire

Première étape, assembler les deux parties de la spire. Un mâle, une femelle. Tu as trois positions possibles et celle qui nous intéresse pour le moyen format, c’est la dernière. Tu mets face à face, tu fais un quart de tour en arrière, tu entends « clic ». Basta, tu as fini. A partir de maintenant tu vas toucher au film. Alors tu vas te laver les mains, et tu ne touches à rien tant qu’elle ne sont pas sèches. L’hygiène est primordiale si tu souhaites faire de l’argentique dans les règles de l’art.

Virer l’amorce protectrice du rouleau

La pellicule 120 ou moyen format est commercialisée en rouleau. Ces rouleaux intègrent la pellicule elle-même et un papier noir très opaque, permettant de la protéger de la lumière. La première chose à faire, ça va être d’en enlever le maximum, jusqu’à tomber sur le film. Quand tu as fais ça, que tu tombes sur le film, déchires l’amorce papier qui autrement va te gêner par la suite. Ensuite tu retournes à ta spire.

Saisir la spire

Moi j’ai une manière de placer mes doigts sur les filets extérieurs de la spire : Mes pouces sont placés sur les encoches qui vont permettre d’insérer le film. Elles se repèrent facilement sans les yeux, car elles sont saillantes. Les index et majeurs sont à l’opposé, et permettent de maintenir la spire fermement.
Quand tu as tous tes repères en place, tu vas aligner tes pouces face à face : le passage du film est créé et aligné de cette manière.

Insérer le film

Cette fois-ci, tu vas te servir de ta main gauche (enfin, si tu es droitier) pour tenir la spire. Il faut la garder bien alignée : l’annulaire et l’auriculaire que tu vas placer sur les filets de la partie droite de la spire, te permettront de garder tout ça en bonne position.
Pendant ce temps ta main droite va saisir l’extrémité du film, et l’insérer à l’entrée de la spire. Les premiers centimètres, tu vas les insérer simplement en tirant le film à l’intérieur de la spire.

Enrouler à l’aide des billes

C’est là que ça se corse. Encore une fois avec un peu de pratique et du matériel en bon état, pas de soucis à prévoir. Le pouce de ta main gauche, qui est toujours sur la partie « insertion » de la spire, va te servir de repère : il doit toujours être le plus haut possible. Autrement dit la bouche par laquelle tu rentres le film dans ta spire doit toujours être la partie la plus haute de l’ensemble.
La main droite quant à elle, va « visser » la spire.

Une bille d'entraînement sur une spire Paterson.

Une bille d’entraînement sur une spire Paterson.

Pendant ce temps là, annulaires et auriculaires te permettront de garder la bobine à distance de la spire.
Bien faire ça, c’est s’assurer d’une spire qui va enrouler sans soucis. Les billes font office d’autobloquant lorsque tu visses et doivent se retrouver dans une certaine position pour travailler correctement.

Désolidariser la couche protectrice et le film

Comparativement à une pellicule 135, le moyen format c’est plutôt court. Vite les doigts qui permettaient de guider le film avant son arrivée sur la spire vont sentir une résistance. Fin de rouleau. Il va falloir désolidariser tout ça !
Deux écoles. Il y a à ceux qui décollent et ceux qui coupent. Je n’aime pas décoller : si tu le fais trop vite, tu peux mettre de l’électricité statique sur ton film. Et là, tu vas créer des « éclairs » sur tes photos. Quoi qu’il en soit lorsque j’ai tenté de décoller, j’ai abîmé le film, l’ai déformé ou même sorti du bon chemin dans la spire. Il reste aussi des traces de colle et je ne sais pas comment tout ça réagit avec les chimies, s’il peut y avoir des dépôts de colle qui migrent sur le film lui même lors du traitement … Non, moi je coupe simplement avec des ciseaux. Je place mes doigts sur l’autocollant partie film, et je coupe au bord de mes doigts. C’est relativement simple et on y arrive vite sans faire de dégâts en étant un minimum méticuleux.
Continues à faire rentrer un peu le film dans la spire, à l’aide du pouce et l’index. Tu appuies pas trop surtout, tu y vas doucement !
Reste ensuite à mettre la spire dans la cuve et à lancer le processus de développement.

Quand tu débutes et tu ne sais pas par où commencer

Le mieux pour celui qui débute reste de s’entraîner à la lumière du jour avec une vieille pellicule que tu vas sacrifier. De faire des tests, des test et encore des tests. Quand tu es à l’aise tu le fais en regardant le plafond, puis dans le noir, etc. Le but final est de savoir faire soit dans l’obscurité totale d’une pièce sombre au labo, soit dans un manchon de chargement si jamais tu es claustrophobe ou que tu as peur du noir.

Le but final, c'est d'arriver à ça !

Le but final, c’est d’arriver à ça !

Bonus track : astuce pour les films récalcitrants

Mais tu t’accroches toi dis donc, tu me lis jusqu’au bout ! Pour te remercier je te fais une fleur et te livre une astuce imparable pour insérer un film qui tuile ou refuse obstinément de rentrer dans la spire. C’est bien souvent le cas avec des angles qui ont un peu soufferts de premiers essais infructueux.
Saisis le bout du film, fais sortir quelques millimètres entre deux doigts.
À l’aide de ton autre main et des ciseaux, coupes un angle aussi droit que possible à chaque bords du film. Il faut vraiment pas en faire sauter beaucoup.
Cette dernière manipulation est difficile à réaliser, sauf si tu as la chance de voir dans le noir. C’est à utiliser vraiment en dernier recours. Mais je te le dis car une fois ou deux, ça m’a bien sauvé la vie !
Dans le cas d’un film encore plus récalcitrant, le genre qui colle à la spire et refuse d’avancer, deuxième tips qui sauve la vie. Tu plonges ta spire dans une bassine d’eau, tu fais en sorte qu’elle soit imbibée partout, même aux emplacements des billes. Puis tu bobines le tout directement en bassine : ça m’a permis au moins une fois de sauver un film qui commençait à souffrir de la condensation présente dans le manchon de chargement. Et dieu sait comme il faut peu d’humidité sur un film ou sur une spire pour que tout soit bloqué.
Enfin comme cela a été dit dans les commentaires, ne pas hésiter à passer un coup de sèche cheveux dans une spire, même si elle est chauve : là encore le but et de supprimer une éventuelle trace humidité.

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1 commentaire.
  1. Recommendation: Using a hair-dryer on the reels just before spooling on the film will prevent issues, especially with 35mm film, of stopping halfway through and not wanting to spool further.

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